Qui est le Street Artiste RAMM:ΣLL:ZΣΣ

Du petit quartier de Far Rockaway dans le Queens au MoMA en passant par les galeries du monde entier, comment en est-il arrivé là ? Qui se cache derrière le masque ? Qui est RAMM:ΣLL:ZΣΣ ?

Il commence à peindre très tôt sur la ligne A du métro, faisant apparaître son nom dans tous les quartiers de New York, et diffusant ainsi ses lettres déconstruites et toute leur philosophie. Il se construit un personnage de sorcier vaudou du hip-hop, débarqué d’une faille spatio-temporelle et change de genre, de style, d’identité à sa guise dans toute son extravagance, sa liberté et sa folie. Il est pris entre de multiples univers, qui n’en créent qu’un unique, le sien, entre origines africaines et fioritures futuristes colorées.

Street Artiste Rammellzee -Credit Photo Ghost Galerie
Street Artiste Rammellzee -Credit Photo Ghost Galerie

 » Les humains … Au XIVème siècle, les moines ont été ornés et ont illustré les manuscrits de lettres. Au XXIème et XXIIème siècle, les lettres de l’alphabet sont maintenant armées pour les courses de lettres et les batailles galactiques. Ceci a été rendu possible par une équation secrète connue sous le nom de RAMM: ELL: ZEE « . – Rammellzee

Les pionniers du graffiti ne se limitent pas aux cadres conventionnels et Rammellzee le premier. S’il graff le métro, c’est qu’il veut déconstruire le langage, offrir une nouvelle signification aux lettres afin de libérer l’expression de tous les codes restrictifs.

Personnage énigmatique, il tisse ses concepts futuristes, philosophiques, mathématiques et poétiques dans son manifeste Gothic Futurism and Ikonoklast Panzerism. Il y associe la sémantique et la typographie pour lutter contre l’oppression normative du monde moderne, par la description d’une bataille entre les lettres et les règles forcées de l’alphabet. D’ailleurs, Rammellzee se dit l’héritier des moines copistes du Moyen-Âge et veut libérer le langage de son système de domination et l’armer pour un nouveau futur. Il pense que les graffeurs doivent affranchir les lettres de l’alphabet standardisé, puisque d’elles découlent toute la culture et la connaissance.

Rammellzee as Crux the Monk 2002 Photo by Keetja Allard - Courtesy of Red Bull Arts New York
Rammellzee as Crux the Monk 2002 Photo by Keetja Allard – Courtesy of Red Bull Arts New York

Si l’œuvre de Rammellzee est si reconnaissable, c’est qu’il a su développer son mode de travail. Il utilise tous les moyens à sa disposition pour sa lutte contre les formes restrictives du langage moderne. Ainsi, la musique est pour lui une opportunité de pousser ses recherches très loin. En effet, il pense aux sons comme aux lettres, qu’ils ne doivent pas être figés et encore moins réglés. Il rap des tubes qui font de lui une icône et un fondateur du Hip-Hop.

Rammellzee et Jean-Michel Basquiat - credit photo Stephen Torton
Rammellzee et Jean-Michel Basquiat – credit photo Stephen Torton

Il forme avec Toxic et Basquiat le groupe  » Hollywood Africans  » et en 1982, il compose son premier 45 tours,  » Beat Bop « , produit et dessiné par Basquiat lui-même. L’extravagance de ce personnage haut en couleur se traduit dans sa musique, puisqu’il a au moins six voix différentes dans un seul son et des freestyles délirants voire abstraits !

Parce qu’un simple loft serait trop ennuyant, Rammellzee développe un espace  où se côtoient ses œuvres et une accumulation complexe et arbitraire d’objets de récupération qu’il nomme sa  » Battle Station « . De ce bric-à-brac farfelu, il se compose des combinaisons mêlant origines africaines et science fiction avec des masques, des jouets, des déguisements, voire des modulateurs de voix et des effets polytechniques.